La Clé – Manifeste Culturel

Il bandoloL’art nait d’un dialogue intérieur pour devenir une pensée en mouvement qui génère le changement. Nous prenons part à cette dynamique en devenant, en toute conscience, les tisserands d’une toile qui est capable de rendre la dignité et la liberté à une culture embourbée dans le narcissisme, la coterie et l’autocélébration.
Nos valeurs sont l’éveil créatif, l’authenticité, l’engagement et l’agrégation, dans le désir de briser les barrières et les modèles qui enferment les circuits culturels et artistiques, affligés par l’arrivisme et par une conception erronée du « professionisme » culturel. L’art est d’abord et avant tout une vocation.
Notre objectif est de soutenir et promouvoir les initiatives qui donnent une nouvelle vigueur et un élan au travail créatif, en développant les idées qui découlent da tout acte culturel en une vérité qui soit loin de toute mystification. Nous voulons cultiver une pensée qui fasse germer des valeurs universelles authentiques dans le, fascinant mais malheureusement aride, monde contemporain.
Là où l’art rassemble, il y a un message de paix.

Nous assistons aujourd’hui au triste spectacle de la dispersion des manifestations culturelles et artistiques, à cause du narcissisme de l’artiste et de la mentalité regrettable de soigner son propre jardin et de ne pas s’enrichir du travail d’équipe. Ce qui manque à la culture contemporaine est le sens de la communauté, du vivre ensemble, de la participation, malgré l’énorme extension de la communication et de ses horizons.
Tout est exprimé à un niveau superficiel et cette dispersion limite la connaissance. Plutôt que de divulguer la pensée qui nous imprègne, on divulgue la pensée contenue dans des produits commerciaux. Rarement, on divulgue le nouvel art, qui existe, mais qui est neutralisé par ce système sinistre qui crée une plus grande dispersion et qui ne soutient pas l’œuvre en tant qu’outil de communication.
Il est facile de neutraliser l’art par l’usage d’un miroir aux alouettes ! Les moyens de diffusion de l’art ne sont guère plus que des récipients de narcissisme, et trop souvent les espaces de diffusion sont réservés plus à ceux qui paient plus qu’à ceux qui le méritent. Il est facile de satisfaire l’égo, le désir de se démarquer, de faire entendre sa propre voix. Pour cela, les œuvres de qualité nagent dans un océan de médiocrité qui les rend invisibles. En payant, on obtient un service qui satisfait l’auteur, e non un service pour la diffusion de l’œuvre artistique.
Il est difficile de promouvoir des produits artistiques, il faut du courage pour le faire. Les opérateurs doivent proposer des valeurs : la valeur de la découverte, la valeur de la diffusion, la valeur de la prise en charge du produit, la valeur de la rencontre et la valeur de l’agrégation. Que ce soit un éditeur, un libraire, un salon culturel, une galerie d’art, un théâtre ou un prix littéraire… tous ceux à qui, nous artistes, nous nous adressons, doivent proposer de la valeur, cela ne doit pas être un simple miroir de Narcisse.
Le pire ennemi de l’artiste est son égo, et il serait naïf de penser que remplacer le moi par le nous serait suffisant pour atteindre l’universalité, à ne pas comprendre, celle-là, dans un sens purement globalisant. Surmonter l’individualisme est possible en reconnaissant et embrassant le niveau plus profond de la subjectivité. Une chose est l’Ego, une autre chose est le Soi.
Le monde contemporain est ravagé par un concept d’agrégation incorrect et aride qui pousse à vivre avec superficialité. L’homologation est le symptôme du manque de profondeur. Il convient donc d’admettre que la propagande erronée qui pousse subtilement à se méprendre sur l’excavation intérieure, la recherche de soi, l’auto-analyse, en l’étiquetant comme intimisme, comme exclusion de l’autre, comme repli de l’égo sur soi-même.
Il est fondamental que l’individu commence à penser à soi-même non plus comme une monade, mais en tant que communauté. L’art est la communion, il est l’échange, il est le dialogue qui se produit en profondeur. C’est là que résident les valeurs universelles, alors que nous avons tendance à confondre l’universel avec le consentement du public. L’art ne parle pas à tous, en les normalisant, mais il parle au cœur de chacun. Ce n’est pas un message politique ou publicitaire, mais une révélation du sens, ou d’un sens, de la vie.
Si la désagrégation est le résultat d’un système grossier qui régit le monde de l’art, il faut alors au moins chercher l’agrégation, chercher la cohésion, chercher d’unir en un, ou plusieurs bassins, les créatifs qui veulent sortir du modèle habituel de la divulgation de l’art et de la culture contemporains. Tout cela dans une tentative d’orienter les goûts d’un public toujours plus large vers un produit culturel de qualité supérieure.
Avec l’agrégation, le partage, l’union et l’échange d’opinion, nous pourrons donner à l’art sa juste dimension et combler les graves lacunes de ce système. Le pouvoir est comme nous le voulons, parce que l’argent est au service de l’esprit et l’inverse n’est pas vrai. C’est donc à nous – chacun de nous individuellement – de tenter de changer de direction, et les esprits créatifs ont là une grande responsabilité.
Les arts sont les gymnases de la pensée, des ateliers de créativité, et nous devons les traiter comme tels.